Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 31 octobre 2017

Histoire extraordinaire de Maître Coq et Gente Poule 1


Peinture de Iris Scott


Un soir d'automne, mes petits loupiots m'ont demandé de leur raconter l'extraordinaire histoire de Maître Coq et de gente poule.
Ils se sont gentiment assis autour d'une flamme scintillante et j'ai vu leurs yeux s'agrandir de la merveille des mots qui les enchantent tous, furtivement, lors que tout se suspend en un sourire complice.
S'il faut leur conter plusieurs fois, leurs oreilles, jamais ne se lassent.
Changez une virgule, et aussitôt, ils vous en font la remarque.

C'est dans le ton que tout se passe.
Mais le ton vient du cœur et s'embrasse des lumières exaltées de l'automne.
Voici le grand secret !


- Dis-nous comment gente poule se moqua gentiment de Maître Coq qui se vantait de sa basse-cour.
Dis-nous comment elle le tança devant ses gestes marqués de vantardise.
- En fait gente poule n'est pas une poule ordinaire. Elle vient d'un autre monde, et les poules de cet Ailleurs sont différentes des poules de ce monde.
Elles sont capables de prendre toutes les apparences en battant simplement des ailes. Elles ont connu Le Grand Coq des Forêts magiques. Il les a revêtues de plumes arc-en-ciel.
Mais, ces Dames ont obtenu le plus grand des privilèges : elles savent parler et écrire comme les humains. Elles tiennent un grand journal qu'elles appellent Le Livre des poésies elfiques.
N'en doutez pas une seule seconde ! Il se passe toujours des choses bien vivantes et bien féeriques en leur compagnie. Gente poule a un petit nom qu'elle garde bien secrètement. Elle ne le donne qu'aux intimes. Je peux vous dire que même Maître Coq n'en sait rien. Peut-être le devine-t-il lors qu'elle glousse tout doucement.
- Est-elle une fée ?
- Chut ! Je crois cependant qu'elle possède une baguette magique. elle ressemble plutôt à une canne avec une tête de canard. Elle dit que c'est son bâton sur lequel elle s'appuie.
Et je sais de source sûre que ce bâton lui a servi maintes fois et l'a sauvée de grands dangers insoupçonnés.
- Oh !
- Mais avant de vous faire le récit de toutes les aventures de Maître Coq et de gente poule, j'aimerais vous lire cette petite comptine que j'ai trouvé dans le précieux Livre des poésies elfiques :


Peinture de Catrin Welz-Stein

                                 D'un revers de main, chassez la brume.
                                 Faites le compte des nuits de Lune,
                                 Et faites le compte des rires.
                                 Lorsque tous les enfants soupirent
                                 Le réveil est un rêve aux aguets.
                                 N'oubliez pas de dire ces mots précieux :
                                 Lumière en ces rayons de clarté
                                 Sont vos yeux ravis et éclos
                                 Des moments de simple Beauté.
                                 N'oubliez pas de sauter, une fois, puis deux.
                                 Derrière la fenêtre de vos rideaux est une douceur !
                                 Toc, toc, toc : le petit moineau vous fait ce cadeau.
                                 Buvez, buvez, un élixir vous donne le chant du cœur !
                                 Toc, toc, toc : le petit bec ne vous a pas oubliés :
                                 Ce matin est un Jour nouveau !

Océan sans rivage

Le canard en héraldique



Le canard symbolise l'union et la félicité conjugale. D'après Hanns Kurth, en son Dictionnaire des rêves (Ed. Ariston 1976, Genève), rêver de canard est un symbole en liaison avec des espoirs. Le voir peut annoncer un honneur. S'il nage, des nouvelles défavorables sont à craindre. Vouloir le capturer sans y parvenir annonce des pertes. Réussir à le capturer signifie la réussite prochaine d'une entreprise. Si on lui donne à manger, on récoltera de l'ingratitude pour un bon acte accompli au bénéfice d'un de ses amis.

Armoiries de Pribrezhnensky de la région d'Oulianovsk, du district de Bogansky de la région de Novosibirsk et de Novocheboksarsk en Tchouvachie (Russie)

Les Allégories du Jardin - Le Canard


Blason d'Oberentfelden (Argovie, Suisse)


Allégorie 24 – Le canard


          Le canard, en se jouant dans l’eau, adressa bientôt après la parole au coq : Ô toi dont les pensées sont viles et rampantes, lui dit-il, tu ne saurais t’élever dans l’air comme le reste des oiseaux, ni te conserver en évitant le malheur ; tu es comme un mort qui ne peut parcourir la terre, et ton séjour constant dans un même lieu est la seule cause de tes maux. La bassesse de tes inclinations te fait rechercher les ordures ; et, satisfait de recueillir la rosée, tu laisses la pluie abondante. Ignores-tu donc que celui qui ne voyage pas, ne saurait obtenir des bénéfices dans son négoce, et que celui qui reste sur la grève, ne recueillera jamais des perles ! Si ton mérite spirituel était plus réel, si ta foi était plus vive, tu volerais dans l’atmosphère et tu te soutiendrais sur l’onde. Vois comment, maître de mes désirs, et disposant de l’air et de l’eau, je marche sur la terre, je nage sur les flots roulants, et je vole librement dans les régions éthérées.

          C’est surtout la mer qui est le siège de ma puissance et la mine de mon trésor : je m’élance dans son onde limpide et transparente ; je découvre les perles précieuses qu’elle recèle, et je pénètre les mystères et les merveilles de Dieu. Celui-là seul connaît ces choses, qui s’y applique sérieusement; mais l’indifférent qui demeure sur le rivage , ne peut prétendre qu’à l’écume amère. Celui qui, en se plongeant dans cet océan, ne réfléchira pas à sa profondeur incalculable, sera submergé dans ses gouffres, par le choc impétueux des flots. L’homme prédestiné au bonheur monte l’esquif de la bienveillance de sa divine amie, déploie les voiles de ses supplications, les orientant de manière à recevoir le souffle du zéphyr protecteur ; et après avoir franchi les ténèbres épaisses qui cachent les mystères, il fixe enfin le câble de l’espérance, par le moyen des attractions de la divinité, au confluent des deux mers de l’essence et des attributs, et parvient ainsi à la source même de l’existence, ou il s’abreuve d’une eau plus douce que le miel le plus pur.


          Ô toi qui veux parvenir aux plus hauts degrés du spiritualisme, tu acquerras difficilement cette perfection à laquelle tu aspires. Si tu avances , tu seras bientôt obligé de te soumettre à l’anéantissement le plus complet, à cet anéantissement qui ne peut devenir doux que pour ceux à qui Dieu a donné une idée de ce qu’il réserve à ses favoris. La pointe des piques défend l’approche de cette céleste maîtresse : telles sont ces citadelles élevées, autour desquelles les lances rembrunies forment un rempart redoutable. Avant de goûter la douceur du miel, il faut endurer une piqûre aussi cuisante que la blessure des flèches. Que de gens d’une naissance illustre errent autour de cet asile sacré ! Ils supportent avec patience les peines amères attachées à leur noble passion ; ils jeûnent, ils passent les nuits obscures en humbles prières ; la violence du désir anéantit leur esprit, une ardeur brûlante consume leur corps : mais, hélas ! le divin amour n’aperçoit encore dans leur cœur qu’un vide affreux. Renonce donc aux demeures des braves qui ont vaincu généreusement leurs passions, si tu ne peux vaincre les tiennes.


In Memoriam 2



Peinture d'Adolf Humborg (1847-1921)

Frère Maurice, votre lettre a mis le Cloître
En émoi, lors que je l'eus donné en lecture
Aux frères dont l'intérêt n'a cessé de croître
Quand ils apprirent les origines d'une aventure

Commencée – le faut-il dire ? – dans les profondeurs
D'une cave à vin qui fut, je crois bien, la caverne
De nos incubations car nos esprits frondeurs
N'ont jamais oublié la Voie qui les gouverne.

Noble Compagnon qui marchez sur le chemin,
Sachez que je n'ai jamais lâché votre main
Et que je vous veux faire écho à ma manière.

Même mon office de cuisinier me fait songer
À l'intérieure alchimie et me trouve plongé
Souvent en méditation des journées entières.

Frère Eugène

Blason de Werentzhouse (Haut-Rhin, Alsace)

D'or au pal d'azur chargé d'un bourdon de pèlerin d'or,
une coquille de même attachée et brochante sur le fut.

La tentation de la blessure


Blason de la Savonie du Nord, Finlande

[...]

Nous ne savons plus rien, mais nous continuons de faire semblant de tout savoir.
Jamais nous ne souhaitons faire silence.
Notre pseudo temps de silence ne fait que nous ramener à nous-mêmes et nous nous enfermons dans la plus grande illusion narcissique.
Si nous faisions véritablement silence, nous entendrions, peu à peu, que le Silence est une Voix.
Le Silence est Lumière.
Le Silence est vibration de Guidance.
Le Silence est Réalité éternellement éternelle.
Le Silence est Verbe.
Le Silence est Langage.
Le Silence est Semence de L’Origine et flèche qui court vers Sa Cible.
Le Silence est Jaillissement de Sens.
Le Silence est Poésie de La Quintessence.
Le Silence est Eclairage et minutie.
Le Silence est Innocence et intériorité.
Soudain, Le Silence est un Enfant qui naît et déchire L’Opacité.
Il est La Vue et Le Toucher.
Il est L’Odorat et le pas qui se laisse avancer.
Le Silence est Porte qui donne accès à ce qui est notre Mémoire.
Nous sommes tous sur Le Chemin du Retour.
Celui qui met un obstacle sur le Sentier de La Lumière est celui qui est la tentation de la blessure.
La plus grande aliénation vient de cette ignorance.
Le Désir du Retour en ce Désir de L’Innocence est Le Chemin de La Conscience.

Océan sans rivage

Lire le texte entier sur Naissance et connaissance

Noblesse du Chêne


Blason de la ville d'Eickendorf (Saxe-Anhalt, Allemagne)

Il faut au moins un siècle pour former un chêne
De toute majesté et à peine quelques instants
Pour l'abattre avec une tronçonneuse à chaîne.
Le voir tomber est un tableau bien attristant.

Je pense à lui, chaque fois que j'ouvre une armoire,
M'assois à une table ou monte un escalier.
Les cernes et les nœuds me content la noble mémoire
D'un vénérable au destin bien singulier.

Arbre sacré des Anciens, symbole de force
Et de solidité, j'aime frotter ton écorce
Crevassée et te serrer dans mes bras amis

Toi, qui fus déclaré héritier du silence
Des bois par le poète * et dont la seule présence
En ces lieux semble défier la hache d'infamie.

Marc

* Pierre de Ronsard (1524-1585), Sonnets pour Hélène, 1578



Blason de Berlingerode (Thuringe, Allemagne)

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imbs

lundi 30 octobre 2017

Une lettre de frère Maurice (1)


Peinture de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875)

                                Cher Frère,

                                Comme est loin l'opacité de mon esprit,
                                Comme est loin la douleur de l'ignorance !
                                Les cieux s'ouvrent de sphères en sphères
                                Et les mots enlacent la Quintessence
                                Puis s'unifient à la chair de L'Essence,
                                Quand le corps soudain, émancipé de sa nuit,
                                S'allège et compénètre les éléments subtils.


                                De longues méditations en la caverne
                                Plient les distances de mes lourdeurs.
                                Un Instant, et l'hébétude me traverse,
                                Des larmes de profusion inondent mon cœur.
                                L'Aube a vu poindre Le Soleil de mes pensées,
                                Voici que Le Mystère s'est inversé.
                                Nul ne peut comprendre cette Réalité.
                                Cependant, m'en voilà tout émerveillé :
                                Le Mystère Divin est Le Mystère de L'Homme.
                                L'Homme à L'Image de Dieu est Sa Conscience
                                Rendue manifeste, déployée en La Connaissance.
                                L'Intelligence se suspend à L'Être Hébété.
                                De cet Étonnement, s'offre La Coupe !
                                Ainsi, les premiers rayons du Jour sont en cette Apothéose.
                                Frère Eugène, riez ! L'Exaltation que nous cherchions en ce Vin,
                                Est Le Désir de L'Âme qui s'envole vers L'Attraction Ultime !
                                Des abstractions d'une Eau Primordiale, Le Chemin est tracé,
                                Et L'Eau devient Éthérée de L'Intention d'Origine.
                                Ô Voûtes Célestes qui sont les coupoles de L'Intelligence,
                                La Victoire est cette Jubilation de L'Esprit qui survole,
                                Puis rejoint par anticipation, L'Ailleurs.
                                Frère Eugène, prochainement, je vous conterai
                                Les Étapes de La Pureté d'un Voyage.
                                Que vous en semble, cette pureté est L'Intention !
                                Un jour, elle trouve Le Nom en Sa Lancée !
                                Puis chaque chose se lie à ce qui est relié.
                                Trouvez en mon souvenir, ma permanente présence.
                                Compagnon fortuné ! En ce Lieu, nul n'est séparé !

Frère Maurice

Blason de Bomlitz (Basse-Saxe, Allemagne)

dimanche 29 octobre 2017

Dans l'âtre du Cloître (10)


Une causerie de Frère Eugène – La Pomme

Blason de Bernitt (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Allemagne)

L'automne, c'est un peu comme un printemps à l'envers :
Les odeurs florales devenues saveurs fruitières ;
Une tendre caresse, avant que ne vienne l'hiver,
Et qu'accueille, pleine de gratitude, l'âme ouvrière.

Les pommes du verger reposent dans le cellier :
La Boskoop juteuse, qui fera les meilleures tartes ;
Les variétés précoces, cueillies sur l'espalier
Et à croquer de suite ; la Tardive de la Sarthe,

Dont on obtient du cidre de bonne qualité ;
La Rambour d'hiver, dont la prodigalité
Est à nulle autre pareille quand l'année est bonne ;

L'Ontario, qui mûrit en décembre, au goût
De banane ; la Reine des reinettes, qui parfume tout ;
La Clochard enfin, qui surprend et nous étonne...

Frère Eugène


Le Coq en héraldique



Le coq est un animal fier et intrépide qui combat jusqu'à la mort. Il ne cède jamais à son ennemi. Chez les premiers chrétiens, il symbolisait la vigilance et chez les Romains, l'art de guérir. On le sacrifiait au dieu de la médecine, Esculape. Considéré comme animal solaire, il était également dédié à Apollon ; à Mars, pour son courage et de sa vigilance ; à Mercure et à Pallas, qui présidaient aux arts et aux sciences, pour faire entendre qu'il fallait veiller pour les acquérir. Les Dardaniens le portaient sur leurs enseignes, pour montrer qu'ils ignoraient la fuite dans un combat.


Coq d'azur



Ce coq d’azur, nous l’avons découvert
Dans sa maison aux parois chatoyantes ;
Il nous ouvrit son âme clairvoyante
Et nous mena dans son beau jardin vert.

En un kiosque est un grand livre ouvert
Où l’on distingue une encre rougeoyante :
C’est, dicté par sa muse flamboyante,
Le lourd recueil de ses élégants vers.

Jamais ne sont de vindicte ni d’ire,
Mais bien, toujours, propos plaisants à dire,
De beaux sermons pour gens bien élevés.

Mais ce grand coq, ce seigneur de la plaine,
Ce magicien des divines fontaines,
N’existe pas, je l’ai juste rêvé.

Cochonfucius

Alpha et Omega 2


Une causerie de Frère Eugène

Blason de Mogelsberg (Canton de Saint-Gall, Suisse)

Ce qui est au Commencement est à la Fin ;
Les Ténèbres seront vaincues par la Lumière.
Depuis le point le plus infime jusqu'aux confins
De l'Univers, il est à tout une Cause Première

Qui insuffle en chaque chose son sens destinal.
Peu importe le Temps, peu importe l'Espace,
L'Infinitude est en l'infinitésimal
Autant qu'en l'immensité, et l'instant fugace

Est de même aussi vaste que l'Éternité.
Le Permanent est au cœur de l'impermanence ;
L'Absolu pénètre la relativité

Et le point Alpha est partout un fait constant ;
Le Réel n'est pas un état de rémanence ;
Tout advient et s'accomplit tout autant.

Frère Eugène

Les Allégories du Jardin - Le Coq


Blason de la famille Olphe-Galliard (Dauphiné)

D’azur, au coq hardi d’or crêté, becqué, barbé et membré de gueules ;
au chef d'argent chargé d'un croissant de sable


Allégorie 23 – Le Coq


          Ceux qui jouissent des faveurs particulières de Dieu, me dis-je alors à moi-même, sont les vrais heureux ; ceux dont l’occupation est la prière, méritent d’être distingués des autres, et il est impossible que les indifférents s’approchent jamais de cette divine maîtresse. J’étais dans ces réflexions, lorsque le coq m’adressa ces paroles :

          Combien de fois ne t’appelé-je point à remplir les devoirs religieux, tandis que tu es dans l’aveuglement des passions et dans l’illusion des sens ! Je me suis engagé a faire l’annonce de la prière, réveillant ainsi ceux qui sont plongés dans un sommeil si profond qu’ils paraissent comme morts, et réjouissant ceux qui invoquent leur Dieu avec humilité et avec crainte. Tu peux observer dans mes actions des allégories charmantes : le battement de mes ailes indique qu’il faut se lever pour faire la prière, et l’éclat de ma voix sert à réveiller ceux qui sont endormis ; j’agite mes ailes pour annoncer le bonheur, et fais entendre mon chant pour appeler au temple du salut. Si la chauve-souris s’est chargée de l’emploi de la nuit, elle dort tout le jour du sommeil le plus profond, en se dérobant par crainte aux regards des hommes ; quant à moi, je ne cesse, ni le jour ni la nuit, d’exercer les fonctions de mon ministère, et je ne m’en dispense ni publiquement ni en secret. Je partage les devoirs du service de Dieu entre les différentes heures de la journée, et il ne s’en passe aucune que je n’aie une obligation religieuse à remplir : c’est moi qui te fais connaître les heures fixées pour la prière ; aussi, puis-je dire qu’on ne m’achèterait pas ce que je vaux, quand même on donnerait de moi mon poids en rubis. En outre, plein de tendresse pour mes petits, je suis toujours auprès d’eux ; et au milieu des poules, l’amour est le seul objet qui m’occupe. Me conformant aux règles d’une affection véritable, je ne prends jamais sans mes compagnes le moindre aliment ni la moindre boisson : si je vois un grain, loin de m’en emparer, je le leur fais apercevoir et les engage à en faire leur nourriture ; comme aussi je les invite à manger, lorsque je sens l’odeur de ce qu’on a préparé pour nous. Du reste, obéissant aux gens de la maison, je supporte avec patience ce qu’ils me font souffrir : je suis leur tendre ami, et ils ont la cruauté d’immoler mes petits ; j’agis pour leur utilité, et ils m’enlèvent mes fidèles suivantes. Tels sont mes qualités et mon bon naturel. D’ailleurs, Dieu me suffit.

          Invoque Dieu, et tu seras à l’abri de toute crainte ; espère en Lui, et tu trouveras le bonheur. Mais, hélas ! quel est celui qui prête une oreille attentive à ce que je dis, qui sait en saisir le véritable sens et le graver dans sa mémoire !

Al-Muqaddasi


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samedi 28 octobre 2017

Alpha et Omega 1


Une causerie de Frère Eugène

Blason de Luven (Canton des Grisons, Suisse)

Peu importe par quelle approche l'on prend les choses
Dès lors que l'on va au tréfonds de la question,
Car il n'est pas à l'Univers trente-six mille causes.
Souvent, la raison, enfermée en son bastion,

N'appréhende le Réel qu'à travers la Matière,
Pensant que tout se doit et se peut formuler,
Quitte à patiner une existence tout entière,
En une logique en vérité inoculée

Dans les matrices de la tradition scolastique,
Elle-même héritière de l'école éléatique.
Faute d'avoir su dépasser les connotations,

L'on écarte d'emblée l'idée d'une Origine
Qui serait l'Oeuvre pensée d'une Conscience Divine,
Même, qui indispose à sa seule évocation !

Frère Eugène

Paraphrase


Blason de Sastamala (Finlande)

Dieu, lumière du Ciel, lumière de la Terre !
Illuminant les cieux comme un astre brillant,
Huile d’un olivier qui n’est pas d’Orient
Ni d’Occident non plus, huile tellement claire

Que sans recours au feu elle peut éclairer.
Clarté dans la clarté, brillance sur brillance.
Dieu choisit qui guider selon sa convenance,
Dans une parabole il peut nous déclarer

De chaque chose au monde un aspect véridique.
Homme, sois attentif et soumis à l’Unique.

Cochonfucius

Demeure


Grandes Armes des rois de France


Dieu m'a fascinée, et Son Empreinte, L'ai cherchée.
En ce Monde, Les Univers ont ployé. Son Nom
Est Souffle qui est Parfum de L'Ultimité.
En ce Monde, le voulait Le toucher pour de bon.

J'ai levé le bras au ciel, L'ai laissé venir.
Lors que les yeux ébahis s'ouvrent tout entier
Jamais le cœur ne meurt du temps de nos soupirs.
Il s'ouvre au toucher du Toucher sans hésiter.

L'Instant est Souvenir et je sais que L'Automne
Est Couleur des flamboyances de Sa Majesté.
Tu es aux frondaisons de la Vie, Pureté,

Et je brandis Le Flambeau du doux étendard.
Sur La Colline, le vent est Victorieux et claironne
Les Beautés d'un collier dont La Vie s’empare.


Blason de Dodendorf (Saxe-Anhalt, Allemagne)

Toucher de Lui en nous est soierie de L'Extase.
Et je tremble des moments que Dieu donne
Sans répit, des Connaissances qu'Il ordonne.
Sagesse d'une Flamme que garde La Vestale.

Est-il une seule contradiction entre les mots
Qui Te cherchent toujours dans les Nues de Tes Voiles ?
Et j'aime aux saisons, les chemins de Ton Repos
Lors que Le ciel incendie mon cœur d'Etoiles.

J'ai murmuré sur les bords de L’Absence et j'aime
De Tes Flots, L'Unique Présence qui me dit encor
Je T'aime de Ta Présence qui est Toi, Le Trésor !

Que nous importe, puisque les précieuses gemmes
Sont Les Joyaux de Ta Seule Gloire, et je meurs,
Je meurs de savoir pourquoi est Belle Ta Demeure.

Océan sans rivage

La torpeur


Blason de Wust-Fischbeck (Saxe-Anhalt, Allemagne)

La torpeur qui s’installe aux premiers jours d’automne
Endort les banlieusards au petit matin gris.
J’ai vu ça très souvent, je n’en suis pas surpris,
Et nul, autour de moi, d’ailleurs, ne s’en étonne.

Le chat dans le jardin, frileux, se pelotonne
Au creux de l’herbe morte. Il n’entend plus les cris
Des oiseaux migrateurs qui, ce matin, ont pris
Route vers les lointains. Il repose, il ronronne.

Et je pense que c’est ce chat qui a raison,
Immobile et paisible auprès de ma maison :
A moi, l’agitation ne me dit rien qui vaille.

Peut-être il fait marcher son imagination
Et voit autour de lui des rats en perdition,
Peut-être, il ne voit rien qu’une obscure grisaille.

Instants chatoyants


Blason de Courfaivre (Suisse)

De gueules au chat assis d’argent, à la bordure d’or.

Tu me regardes et tes yeux m'interrogent.
Viens ma belle.
Viens que je touche ce poil blanc.
Tu clignes des yeux.
Es-tu heureuse, ma belle ?
Avec ces yeux, tu peux tout faire de moi.
Le sais-tu ?
Ma douce qui ne jamais me griffe et se pelotonne des rondeurs en mon cœur.
Il me prend l'envie de te serrer tout contre moi et de ne jamais perdre ton indolence.
Amour !
Ton regard caresse ce cœur qui tressaute pour toi.
Alanguie, tu es telle une reine en ta solitude nonchalante et je suis pareille à toi.
Je suis seule à présent, en ta quiétude.
Ton coussin est soudain ta douce conquête et je sais que tu me reviendras, belle Blanche.
Ton besoin de moi est promesse de nos caresses et je t'attends.
Va ma reine !
Je ne t'oublie pas.


Océan sans rivage (Écrits de jeunesse)

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Le cycle des saisons


Blason de ma municipalité d'Aukrug (Schleswig-Holstein, Allemagne)

Ton sublime susurre anime dans le ciel
Le fébrile aquilin qui souffle de ma nuque
Les nuages obscurs pour laisser l'arc en ciel
Raviver dans l'azur notre passion caduque.

Hier encore en hiver notre ardeur refleurit
Au matin du printemps : tes cheveux les rivières ;
Tes yeux les océans ; et ton corps me sourit.
Comme si Aphrodite exauçait nos prières!

De nouveau, nos baisers se brûlent dans l'été,
Nos cœurs sont au zénith et je suis hébété
Par l’éclatant soleil qui nous emplit d’ivresse.

Hélas, l’automne advient, ce bonheur est fané
Par le sort des saisons qui contre nous se dresse.
Laissons à l’éternel notre amour condamné !

Florian

Blason de la municipalité d'Aligse (Basse-Saxe, Allemagne)

Poésie héraldique allemande - Irlich


Avec ce poème sur Irlich se tourne la dernière page de l'Armorial Prussien de Gertrud Kolmar, une œuvre originale et quasi inédite consacrée à l'héraldique municipale allemande, servie par une sensibilité poétique et un talent littéraire remarquables. In memoriam.

Blason de la municipalité d'Irlich (Rhénanie-Palatinat, Allemagne)

Geteilt : im oberen, roten Feld drei goldgestielte silberne Hämmer,
unten in Silber zwei schwarze Balken.


                                       Was über die schwimmenden Wipfel hallt,
                                       Ist es Schweigen, ist es mein Traum ?

                                       Drei Hämmer reden erzen und alt
                                       Zu schwarzen Balken des Nachts im Wald
                                       Am Haus von Borke und Baum.

                                       Was schlagen die Hämmer ins Waldgesicht
                                       Den Bau von Rinde und Ast ?

                                       Ein Dach dem Wesen, das hockte und spann,
                                       Als Regen schlackte, als Schneeglast rann.
                                       Sein Haar strähnt fahlfarb wie Bast.

                                       Was spinnt das trübe Wesen im Wald ?

                                       Aus dem Weinen der Welt einen Strang.
                                       Der aufreicht einst und Gott umkrallt,
                                       Ihn niederwürgt zur Menschengestalt. -

                                       Der Strick wird nie so lang. 

vendredi 27 octobre 2017

Réponse


Blason d'Angarsk (Russie)

                                Voici que le chant de l'eau vive
                                A répondu à mon exil,
                                Et qu'à mon tour je lui chante l'hymne du souvenir,

                                Car celle qui prétend n'être rien s'est emparée de tout,
                                Dans sa danse incessante, a entraîné le monde,

                                Et lorsque, ivre d'avoir tourné sans fin,
                                Elle s'assoit au pied d'un figuier séculaire,
                                Elle voit venir à elle le lion et la gazelle,
                                Elle unit dans sa main l'eau et le feu,
                                Et d'un seul regard attire jusqu'à elle l'offrande et la prière,

                                C'est qu'elle est devenue l’œil qui nous donne à voir ce qui est invisible,
                                Et c'est elle encore qui allège l'épaisseur de nos âmes
                                Et les rend voyageuses de contrées inconnues,

                                Et quand bien même elle se languit de l'absence de l'Aimé,
                                Elle sait, au plus intime de son cœur ravi,
                                Que jamais, de sa cour, elle ne fut bannie
                                Car jamais l'Aimé ne renie son Élue.

Jean d'Armelin

Tendresse délicate


Blason Heckelberg-Brunow (Brandebourg, Allemagne)


          Des saveurs de ta tendresse délicate et du regard chatoyant de ta présence, lentement, tu glisses comme une ombre que tu n'es pas et de ton velours, tu t'approches telle une imperceptible Révérence. L'élancement de ta lente marche, les reflets presque bleus de ton corps éloquent, lors que tes yeux me fixent, soudain, comme me connaissant depuis toujours. La complicité est sans pareille en ton muet langage. Je m'arrête et plonge en ta pupille. Elle se dilate de tes mots flottant en ondes suaves. Combien de temps sommes-nous ainsi lovés l'un contre l'autre sans besoin de renouveler notre attention ? Je sais que tu pèses à peine sur mes genoux devenus ton refuge somnolent. Je n'ose plus respirer et je m'attarde sur tes paupières closes. Tout à coup, je sais que tu es plus que cette présence, puisque tu es en moi, tel un univers qui me lie totalement à toi. Je pose doucement la main sur ton corps paisible. Les feuilles crépitent sous les pas flamboyants de l'automne. Ce n'est plus le temps qui se suspend en ton ronronnement.

          Nous sommes en cette apnée de l'espace. Je lève mon regard vers le marronnier d'or et je perçois ses pudeurs. Il est en ce Jardin à me rappeler tout un monde supranaturel. Que se passe-t-il durant ton sommeil qui s'unifie à ma prière ? Le cœur tressaute des réalités nobles de ta chaleur communiante. Ô Vie ! Tu t'éveilles comme étonné de retrouver notre entente au delà des formes et tu bâilles comme t'étirant des membres engourdis de ton bien-être. Le feu chante une flamme crépitante. Je touche en toi la permanente Réalité divine et mon cœur s'exalte de ton miracle. Au fond de tes yeux, Il est comme une fenêtre qui s'ouvre en L'Origine. Qu'ai-je à trouver cette larme qui perle en Ton Lac mouvant ? Moment intense qui se cristallise en ce Souffle de notre intériorité commune. Mon chat !


Océan sans rivage


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