Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

jeudi 31 août 2017

En Écho étrange à l'Abeille de ville et l'Abeille des champs


Blason de Honigsee (Schleswig-Holstein, Allemagne)

     L'Abbaye des chants s'invita en l'Abbaye des vies que le Seigneur remercia :
     Féodalité des sieurs qui se voulaient en bonne fille, servir sa sœur téméraire.
     Voici que s'évertuèrent les pas que longent les berges de Ton hospitalité.
     N'oublie pas, hé L'Ami de citer les abbayes de fortune que L'Honneur voulut sauf,
     excepté que L'Aube accourut en Son Intime et signa le plus beau Pacte que L'Âme aima.
     Mille Révérences.

Le Voyage de Frère Maurice


Blason d'Abergement-la-Ronce (Jura, Franche-Comté)

Sur le flanc des Andes lointaines jusqu'aux confins
De L’Himalaya, Frère Maurice marche d'un pas sûr.
Il est à vivre le plus extrême, un dénuement sans fin.
En lui, Le Chemin devient une écorchure.

Il souffre en silence, et ne jamais se plaint.
Partout où il se rend, le voilà à apprendre.
Parfois, la crucialité le rend orphelin.

Dans le fond, ce combat n'est pas à le surprendre.

Un morceau de pain fait de lui un heureux.
Quelques gens dans les plaines le prennent en pitié.
De peur de succomber à la chaleur d'un foyer,

Le voici qui court, robe bien haut relevée.
Pourtant, Frère Maurice n'est pas vraiment malheureux.
Cette nuit, Le Ciel se révèle en Sa toute Beauté.

Océan sans rivage

L'Abeille de ville et l'Abeille des champs


Blason de Högersdorf (Schleswig-Holstein, Allemagne)

Une abeille des champs se trouva, par accident,
En plein Paris, ne sachant où donner des ailes.
Une abeille de ville s'en vint l'aider, la guidant
À travers l'incroyable dédale des ruelles.

« Vous serez mieux ici, à butiner la fleur
Qu'en nos parcs et jardins jamais l'on ne traite.
L'on dit que notre miel est de loin le meilleur ;
C'est du moins une qualité que certains lui prêtent.

– Je suis votre obligée, mais voici que m'étreint
L'angoisse car comment retrouverai-je mon chemin,
Lors qu'une voiture m'emporta sur une longue distance ?

– De cela, ne vous mettez pas en peine, l'amie,
Vous serez, en l'une de nos ruches, bien accueillie
Et vous aimerez votre nouvelle existence. »

Marc

Cœur érodé


Blason de Brammer (Schleswig-Holstein, Allemagne)

                                    De mes rivières de souffrance est née Beauté.
                                    Cristal et transparence.
                                    Tu as laissé jaillir une lance à la pointe aiguisée.
                                    Des ronces sur le sentier, le cœur s’est érodé.

Océan sans rivage

Qui pro quo (6)


Une réflexion de Frère Eugène

Composition d'après une peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Savoir ou se faire avoir, tel est le dilemme.
Je préfère, de loin, marcher sur mes propres pieds
Quitte à ce que l'on jette sur moi l'anathème,
Plutôt que d'être orchestré par un croupier.

L'on me pourrait croire sous autorité papale,
Lors qu'au Créateur Seul je suis inféodé.
Suis-je à lorgner sur la mitre épiscopale
Et à vouloir porter une chasuble brodée ?

Les meilleures cuisines ne sont pas d'une enseigne
Car c'est en les plus humbles chaumières qu'on la goûte.
Un grand sourire à Dieu, c'est tout ce qu'il en coûte.

Peu importe que sur autrui l'on déteigne
Si c'est finalement pour partager le vide ;
Et quand vient la fin, c'est ce rien que l'on dévide.

Frère Eugène


Lire aussi Qui pro quo (1) (2) (3) (4) et (5)

Qui pro quo (5)

Une réflexion de Frère Eugène


Comme moine, cela va de soi, je suis un croyant
Et l'on me prête la confession de ma vêture ;
Mais l'on me jetterait un regard foudroyant
Si de ma foi l'on savait la réelle texture.

Suis-je à ignorer dans quel sorte de monde je vis ?
En lequel l'on prend les vessies pour des lanternes
Et où les droites sont des courbes que l'on dévie...
N'est-ce pas l'esprit humain qui lui-même se berne ?

L'échelle de ma conscience, je la porte en moi,
Sauf que je ne la place pas à l'horizontale
Car ma foi n'est pas une méthode instrumentale

Qui ne servirait qu'à imposer mon surmoi.
Lors que je contemple dans le ciel les nuages,
Il n'est point en mon regard l'ombre d'un fluage.

Frère Eugène

Qui pro quo (4)


Une réflexion de Frère Eugène

Composition d'après une peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Il est plus d'un qui me prend pour un gros benêt,
Sous prétexte d'être d'une humeur gasconne.
Moi qui ai roulé ma bosse, l'on me croit jeunet
Et se pensant que seule la cuisine me passionne.

Je ris de ceux qui s'enferment en catégories ;
De toutes les grilles de lecture, je sais les limites ;
De mes faiblesses, je n'ignore point les scories
Et sais que moultes croyances se nourrissent de mythes.

Je me tais par pudeur, bien plus par compassion.
Si j'ai les apparences d'un moine exotérique
Et le donnant à voir sous sa forme générique,

C'est pour n'être pas un objet de crispations.
Ni de la vanité de ce monde je suis dupe,
Ni de ses occupations je me préoccupe.

Frère Eugène

Lire aussi Qui pro quo (1), Qui pro quo (2) & Qui pro quo (3)

Qui pro quo (3)


Une réflexion de Frère Eugène

Composition d'après une peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

L'élégance, en premier lieu, c'est d'être soi-même,
Autant dans la solitude qu'en la société.(1)
À cet effet, notre époque et son système
Sont à faire sauter toutes les étanchéités.

Tel, aussi, est le vrai sens de l'Apocalypse :
Le temps des révélations, chacun se montrant
Tel qu'il est, sans nulle possibilité d'éclipse
Et sans, non plus, le moindre subterfuge filtrant.

« Il n'est rien de couvert qui ne sera révélé,
Ni de secret qui ne doive être connu » disent
Les Écritures.(2) Moi qui, par cœur, les ai apprises,

Me sens parfois troublé par leur véracité.
Le monde, ainsi, se montre tel qu'il est en lui :
D'une bassesse telle, que l'on comprend quiconque le fuit !

Frère Eugène


(1) Sylvain Tesson, Petit traité sur l'immensité du monde, Éditions Des Équateurs 2005
(2) Évangile selon Luc, 12:2

Qui pro quo (2)


Une réflexion de Frère Eugène

Composition d'après une peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Le chemin a beau prendre toutes les apparences,
C'est bien toujours le même sur lequel l'on avance.
Ce monde, que tous vivent comme pérenne, n'est qu'un décor ;
L'on s'y prend au sérieux et se retrouve pécore

À l'heure où retombe le rideau sur la scène.
Mourir à soi signifie prendre les devants,
Et c'est, je vous le garantis, une petite peine
À côté de ce qui, tout de même, nous attend !

L'illusion est tenace, on la veut poursuivre.
L'époque nous y invite, sonnant tous ses cuivres
Pour dévier nos âmes de leur destinée réelle.

L'on croit vivre mais l'on ne fait que fonctionner
Dans une mécanique qui joue à nous actionner
Dans le trompe-l'oeil d'une vie prétendue casuelle.

Frère Eugène

Lire aussi Qui pro quo (1)

Qui pro quo (1) *


Une réflexion de Frère Eugène


Composition d'après une peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Un homme n'a que deux vies durant son existence :
Celle, tout d'abord, où il est conscient des instants
Qu'il est à vivre, en la plus cruciale présence,
Et dont la réalité est un fait constant ;

Celle, ensuite, où il ne vit que par complaisance,
Non pas nécessairement du fait d'adhérer
À ce qui n'est guère plus qu'un jeu de circonstances,
- Au risque, bien sûr, de voir son âme s'altérer -

Mais plutôt et très souvent pour ne pas s'exclure
D'un groupe en général ou ne pas le heurter.
Comme il est plus aisé d'en être rejeté

Qu'accepté, l'on envoie, à sa place, une doublure
Chargée de donner le change. C'est la comédie
Humaine dont on rit, lors que c'est une tragédie !

Frère Eugène


* Locution latine signifiant « Prendre un qui pour un quoi. »

mercredi 30 août 2017

Citadelle


Blason de Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône)

D'azur au château de trois tours d'or, celle du milieu plus haute,
coulissé et maçonné de sable, accompagné de trois fleurs de lys aussi d'or.

D'éclosions délicates, de minuscules bourgeons
De lumière irradiante, de riches frondaisons,
Notre Jardin est tapissé du seul regard
Que Beauté crépusculaire désire revoir

Entremêler des volutes du Jasmin sauvage,
Des Pensées émouvantes que le cœur inonde,
De pluies d'été gorgées d'étranges rosaces,
Lors que le murmure est une plainte profonde.

Entre en cette citadelle et pose le pied humblement,
Puisque gémit mon âme au lointain firmament !
Entre en ce Jardin du Musc et de L'Oraison,

Puisque Le soir est nostalgique de Ton Appel !
Entre en La Paix que désire Le Silence d'une Floraison,
Lors que Chaque moment est une Passerelle.

Océan sans rivage

Maître Coq et son mur de sable


Blason de Friedrichswalde (Brandebourg, Allemagne)

La poule familière et la poule inconnue
Près de ce mur orné vont prendre leur repos ;
Le portrait d’un grand coq se présente à leur vue,
Jamais leurs tendres yeux n’ont rien vu d’aussi beau.

Le mur n’est pas dressé le long d’une avenue,
Mais dans la basse-cour, où l’on marche en sabots ;
Par les longs jours d’été, son ombre est bienvenue,
L’image resplendit, plus noble qu’un drapeau.

Avec ce Maître Coq, il ferait bon s’ébattre
La basse-cour prendrait un petit air folâtre
Sans rien perdre, pourtant, de sa tranquillité.

L’amour fait oublier tout ce qui est funeste,
Le renard, l’épervier, la belette et le reste
Des prédateurs troublant notre sérénité.

Cochonfucius

mardi 29 août 2017

Pacte solennel


Blason de la ville de Saint-Menges (Ardennes)

De gueules à la foi de carnation vêtue de sable.

Ton nom, Ô Poète, est à la brise des branchages,
Le Souffle d'un fleuve que caressent nos pieds,
Les galets qui glissent en cette paix retrouvée,
Tandis que des effluves nous révèlent l'armoise.

Les mots sont tels l'écume de L'Eau qui s'écoule,
Rivés à nos moments qui semblent fugaces.
Hébétés, nous le sommes du Temps qui passe.
Voici Le Jardin que nos âmes savourent.

Ton nom, Ô Poète, en ces contrées, voyage encor,
Des douceurs et des aspérités que retient
Ma mémoire, et c'est mon cœur qui te rejoint

En ce qui ne jamais commence, ni ne s'achève.
Je suis à Tes pieds, en Lui, et m'abandonne.
D'un Pacte solennel, notre Amitié se scelle.

Océan sans rivage

La meilleure cuisine selon Frère Eugène


Peinture de David Sani (Italien, 1828-1914)

La réputation culinaire de Frère Eugène
A franchi l'enceinte du Cloître d'Héraldie.
Qu'on le vienne consulter, la chose point ne le gêne ;
L'homme est débonnaire et jamais ne congédie

Quiconque lui vient soumettre quelque requête.
« L'air du temps se veut renouer avec les goûts
D'antan ; lors, des bons produits l'on se met en quête,
Quand le prêt-à-manger n'inspire plus que dégoût.

Certes, la qualité des ingrédients joue son rôle,
Autant que l'art de les savoir bien combiner ;
- L'on ne s'improvise pas non plus à cuisiner

Et plus d'un est à le faire par-dessus l'épaule -
Mais la meilleure cuisine, sans plus de discours,
Sera toujours celle où l'on a mis son amour. »


Marc

Interrogation


Blason de Miolles (Tarn, Occitanie)

                                        Ô appel qui déchire les cieux !
                                        Dans le silence vulnérable de l'innocence,
                                        Cessera-t-il de lacérer l'amour langoureux,
                                        Me laissera-t-il à genoux dans la souffrance ?

                                        Vouloir crier ne pas pouvoir
                                        Vouloir pleurer ne pas y arriver
                                        Vouloir hurler appeler dans le noir
                                        Silence qui ne peut s'éloigner.

                                        Pointe qu'aiguille mon cœur, d'où viens-tu ?
                                        Est-ce pour me voir tomber que tu es venue,
                                        Assombrir mon étoile qui devait me protéger,
                                        Ou faire de moi l'esclave de la liberté ?

Océan sans rivage

Les Allégories du Jardin - La Violette


Blason d'Andelarrot (Haute-Saône)

Allégorie 7 – La Violette


Alors la violette soupira d’une manière plaintive, comme celui que les peines de l’absence affligent ; et, dans son langage emblématique, elle m’adressa ces réflexions :

Qu’il est digne d’envie, celui qui a vécu de la vie des heureux et qui est mort martyr ! Pourquoi faut-il que je me fane, consumée de chagrin, et que je paraisse sous le vêtement de la maigreur et de la tristesse ! Les décrets immuables du destin m’ont changée et ne m’ont laissé ni peau ni force ; les vicissitudes du temps ne m’ont point permis de prolonger mon existence et m’ont fait périr impitoyablement. Qu’ils ont été courts, les instants où j’ai joui d’une vie agréable, tandis qu’au contraire je suis restée si longtemps sèche et dépouillée de mes feuilles !

Aussitôt que ma corolle s’ouvre, on vient me cueillir et m’enlever de mes racines, sans me laisser le temps de parvenir au terme de ma croissance; et il ne manque pas de gens qui, abusant de ma faiblesse, me traitent avec violence, sans que mes agréments, ma beauté et ma fraîcheur puissent les arrêter. Je cause du plaisir à ceux qui sont auprès de moi, et je plais à ceux qui m’aperçoivent ; mais à peine se passe-t-il un jour, ou même une partie d’un jour, que déjà l’on ne m’estime plus, qu’on me vend au plus bas prix, après avoir fait le plus grand cas de moi, et qu’on finit par me trouver des défauts, après m’avoir comblée d’éloges. Le soir, par l’influence de la fortune ennemie, mes pétales se roulent et se fanent ; et le matin, je suis sèche et sans beauté. C’est alors que les gens studieux et livrés aux sciences naturelles me recueillent : avec mon secours, ils dissipent les tumeurs répandues sur le corps ; ils apaisent les douleurs rebelles ; ils adoucissent les tempéraments secs, et ils éloignent enfin bien des maux qui attaquent l’humanité. Fraîche, je fais jouir les hommes de la douceur de mon parfum et du charme de ma fleur ; sèche, je leur rends la santé. Mais ces mêmes hommes ignorent mes qualités les plus précieuses, et négligent de scruter les vues de sagesse que Dieu a déposées en moi. J’offre cependant un sujet de réflexion bien utile à celui qui, en m’étudiant, cherche à méditer et à s’instruire ; car les leçons que l’on peut tirer de ma manière d’être, suffisent pour retenir celui qui n’est pas sourd à la voix de la raison. Mais, hélas ! tout avertissement est inutile.

J’ai considéré avec admiration la violette, et j’ai vu que ses fleurs, sur leurs pédoncules, ressemblent à une armée dont les voltigeurs, d’émeraude, auraient orné de saphirs leurs lances, et auraient adroitement enlevé avec ces lances les têtes de leurs ennemis.



lundi 28 août 2017

Subito presto


Une causerie de Frère Eugène

Blason ancien de Tirschenreuth (Bavière, Allemagne)

Il est dit que si ta foi est juste celle d'un grain
De sénevé - c'est souligner sa taille infime -
Lors qu'elle est de toi-même la part la plus intime,
Te soufflant sans cesse « Lève-toi, ô pèlerin ! »,

Alors, cette montagne, à laquelle tu ordonnes
De se transporter, t'obéira aussitôt ! *
Mes bons frères, quand le doute m'assaille - Dieu me pardonne ! -
Je me récite ce passage, subito presto.

Quand nous pensons n'avoir pas d'une tâche la mesure
Ou que nous ne nous sentons pas à la hauteur,
Ne voulant pas être d'un échec les fauteurs,

Alors disons-nous - et que cela nous rassure -
Que Dieu, au grand jamais, n'est à nous imposer
Une charge plus lourde que celle que nous pouvons porter.


Peinture de Charalambos Papadopoulos

Mais je m'en vais vous révéler la vraie sagesse
De tout cela : si votre fardeau est trop lourd,
Priez Dieu, non pas de donner plus de largesse
À vos épaules, mais demandez-Lui, sans détour,

De vous porter, vous ! Bientôt, Il s'empresse
De vous alléger, je vous l'assure, par ma foi !
Je suis tombé bien souvent, jusqu'à la détresse,
Pourtant, Dieu m'a toujours relevé, à chaque fois !

Mes frères, ne croyez pas que je fasse allusion
À vous, mais à ceux qui me croient dans l'illusion,
Je dis : à celle des autres, je préfère la mienne !

Dois-je vous dire que je rapporte là les propos
D'une sœur qui m'a laissé cette sagesse en dépôt ?
Car bien des paroles que je vous livre sont siennes.

Frère Eugène


* Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait; rien ne vous serait impossible. (Matthieu 17:20)

L'Évidence


Blason de La Roquette-sur-Siagne (Alpes-Maritimes)

Au premier d’azur à trois cyprès de sinople mouvant de la ligne de partition accompagnés en chef d’un oiseau essorant d’argent, au second d’argent à la champagne d’azur, au cyprès de sinople brochant ; à la cotice en barre d’argent brochant sur la partition.

                                          Est rendue à L’Évidence
                                          L'indifférence d'une tombe,
                                          Lors que les soupirs succombent
                                          A La Réalité de La Seule Présence.

                                          En ce Désert, tandis que la nuit tombe,
                                          Les dunes absorbent le tremblement
                                          Des fébriles prières,
                                          S'unifie en Toi, mon Bien-Aimé
                                          Le Seul instant qui se répète
                                          Sans que jamais, l'on ne soit à se lasser.

                                          Sur les coteaux silencieux,
                                          Rien ne s'oublie,
                                          Et c'est le bras levé,
                                          Qu'en L'Azur est proximité,
                                          Et que viennent se faufiler,
                                          Les Perles de Ton Infinité.

                                          Ô Étreintes vives !
                                          Des plaintes de L'Horizon,
                                          Des lunes qui s'étourdissent,
                                          Des nues de l'obscurité.
                                          Voici que ruisselle L'Abondance,
                                          Des sanglots d'une Brise vive,
                                          Puis des bords d'une Eau qui se promène,
                                          Mon cœur en lambeaux.

                                          Si mille flèches sont lancées,
                                          Des milliers de rives,
                                          Tressautent de toutes Les Beautés,
                                          Que les vertiges visitent.

                                          Peupliers et Cyprès majestueux,
                                          Les Saules valsent du soupir langoureux,
                                          Lors qu'ondoient les branches d'un Hêtre.
                                          Depuis son tronc, palpent les mains amoureuses.
                                          Sur les hauteurs de L'Être,
                                          S'envolent, légèretés de L'Enfant.
                                          Ô Joie !
                                          Brûlures de L'Amour,
                                          En ce qui se déploie !
                                          Ô Brûlures des Brûlures de Toi !
                                          Un oiseau passe
                                          Fluidités d'une flûte.
                                          L'Aube frémit de Lui.
                                          Soudain, au firmament, est lancé :
                                          L’Éternité ne suffit plus pour T'aimer ! *

Blason de Rollot (Somme)

Parti : au 1er d'or à la tour de gueules maçonnée de sable, au 2e coupé au I de sinople à la feuille de houx d'argent, au II de gueules à la barre d'argent; le tout sommé d'un chef d'azur chargé d'une fleur de lis d'or adextrée d'une plume d'argent posée en bande et senestrée d'un besant d'or.

                                         * Que m'importe La Paroi d'un Monde,
                                           Je L'abandonne à Sa Folie.
                                           Ici, est La Création que cisèle une plume,
                                           Telle une lance à la pointe dure,
                                           Dont La Fleur est Corolle qui s'ouvre !

Océan sans rivage

dimanche 27 août 2017

Curée


Blason de Hasenkrug (Schleswig-Holstein, Allemagne)

L'animal profite bien des derniers jours d'été ;
C'est un lièvre femelle appelé encor hase.
Qu'il est doux de vivre en cette légèreté
En folâtrant joyeusement sur l'herbe rase !

Le soir, il admire dans le ciel la lune qui luit
Puis il s'endort, les yeux ouverts, sous un arbre.
Demain, il le sait, la chasse sera après lui ;
Au bout des canons sont des regards de marbre.

Voici le temps des abois et de la curée ;
Le plomb versé, l'on ira s'emplir d'une cuvée !
Sauve-toi, lièvre ! Cours et préviens les autres bêtes

Que les prédateurs sont à fourbir les armes
Qui empliront ce beau jardin de leur vacarme !
Car les hommes, sais-tu, n'oublient jamais d'être bêtes.

Marc

Blason de Herrieden (Bavière, Allemagne)

vendredi 25 août 2017

Naître


Blason de la commune Arguel (Doubs)

Ô ! Naître du vent des branchages, puis de l'effleurement,
Lors que s'extasient les ondées des Roses béates,
Et que s'échappent les sources du firmament !
L’Épousée s'efface sur les cimes écarlates.

Océan sans rivage

Élan



Blasons de la famille Denis (échevin à Lyon, 1733) et de Grafenwiesen (Haut-Palatinat, Bavière, Allemagne)


La nature entière est poussée par un élan
Vers le haut, les animaux autant que les plantes.
Qu'est-ce donc Cela qui a inscrit en leur flanc
Ce doux frémissement qui devient soif brûlante ?

Marc

Dans l'âtre du Cloître (4)


Les recettes de Frère Eugène – L'huile de noix

Blason de Néoules (Var, Provence-Alpes-Côte d'Azur)

La noix est un écrin où se lovent deux cerneaux
Qui ressemblent, à s'y méprendre, au cerveau.
C'est pour cela qu'elle est symbole d'intelligence
Et ailleurs, de fertilité et d'abondance. *

Bonne à manger telle qu'elle ou réduite en poudre
Que l'on mêle aux biscuits ou que l'on saupoudre,
L'on tire aussi du fruit une huile des plus fameuses
Et, notamment, protectrice des cellules nerveuses.

Moi qui vous parle, je m'en bois une bonne lampée
Chaque matin. Mais elle se doit être de première
Pression à froid, ce qui est la plus saine manière.

Est-ce pour cela que ma santé est bien trempée ?
Dieu me la préserve et fasse que n'en abuse,
Moi dont la soif ouvre parfois grande ses écluses !

Frère Eugène


* En Poitou, par exemple, on la mêle à la soupe à l'oignon servie aux jeunes mariés
et dans le Tarn, on la lance sur les époux pendant la cérémonie du mariage.

L'herboriste


Peinture de Emond Theodor van Hove (1853-1913)

Champs, prairies, forêts, étangs, vergers, potager
Et vignes se partagent les terres d'un monastère.
De ce côté-là, plus que fort avantagé,
Le Cloître d'Héraldie a fameux caractère.

Sans doute l'une des parties les plus secrètes du lieu
Est-elle le jardin des plantes médicinales
Dont s'étonnerait quiconque issu du milieu,
Certaines cultures étant devenues illégales,

Sous prétexte d'on ne sait quelle sécurité,
Tandis que c'est pour s'octroyer des monopoles.
Le frère herboriste se rit de ces fariboles

Car n'étant pas de la dernière crédulité.
Digne héritier de dix siècles de pratique,
Il poursuit son herbier d'une main hiératique.

Marc


Détail d'un vitrail du Palais Bénédictine de Fécamp représentant l'invention de la Bénédictine par
le moine Dom Bernardo Vincelli (16e siècle), de l'Abbaye de la Sainte-Trinité et originaire de Venise.

Dialogue avec un Bouclier ou Chroniques d'une Vision (troisième partie)



Lors que Deux se rencontrent, sont-ils L'Esprit qui se singularise et se féconde ?
Nul ne peut défaire ce qui de L'Esprit naît.
Ils sont corps et ne le sont pas.
Ils sont plus que tout Cela !
Laisse-toi submerger par cette subtilité de Toi en Toi.
Deux se rencontrent sur un chemin et sont surpris.
- Toi ?
Il n'est pas de plus grande merveille que de voir La Vie !
Le Roseau a dit : j'ai désiré Te connaître, et comment puis-je faire ?
Des pas sur un sentier et le firmament danse dans les yeux d'une petite fille.
Depuis longtemps, je me suis réfugiée en ce verger.
Je regardais la fleur des pêchers, des poiriers et des amandiers.
Je souriais aux nuages et je t'attendais.
Je savais que tu viendrais, en cet après-midi des cigales.
Un geai s'est élancé.
D'autres oiseaux ont inspiré mes doux rêves.
Il faisait chaud, même sous les branchages.
J'avais un crayon et quelques morceaux de mes fragments immaculés.
Je n'osais bouger.
Je t'ai vu marcher.
Je me suis cachée.
Pas encore !
Tel est le murmure du vent dans la chaleur de l'été.
La solitude ne me fait pas peur, ai-je lancé aux cailloux de la rivière, puis, j'ai ri !
Pieds nus, je me suis laissée écorchée par les ronces et j'ai gravi quelques rochers.
Tu ne m'as pas vue.
Du moins, l'ai-je cru !
Lors que Deux sont sur un sentier, un jour advient et les voilà nez à nez.
Hé Ho L'Ami !
Je n'ai pas osé te parler.
Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de t'observer.
Dis donc ! Cela fait des milliers d'instants que je t'attends, t'ai-je dit à travers mon regard !
Je sais qui tu es !
Tu es les sous-bois et les fraises sauvages.
Tu es les escalades de mes escapades.
Je t'ai vu courir après un lapin.
Un jour, nous avons traversé un champ de blé.
Tu es tous mes silences et tous mes soupirs.
Tu es les petites violettes que je respire lentement.
Tu es les mûres que nous buvons de nos larmes tout en persévérant.
Tu es le bras qui se lève pour saisir L'Azur.
Hé Ho L'Ami !
Deux se rencontrent sur un sentier de Vie et sont surpris.
Mes yeux ne cessent de rencontrer les lueurs de L'Aube en tes yeux qui se plissent.
- Toi ?
Je saisis la main de mon Ami et je lui dis : La Vie rencontre La Vie.

Maintenant que nous marchons ensemble, que tu me racontes aussi les pages de ta solitude contemplative, je revois les moments que nous avons partagés.
L'Esprit se mêle à L'Esprit, sans détours.
Il est à raviver d'un pinceau léger, les moments de crucialité.
Le Temps n'est plus Le Temps.
Hé Ho L'Ami !
Je n'ai pas fini de voir les envolées de Don Quichotte.
Les moulins sont les plus belles choses qui nous rappellent le vent dans la prairie.
Dorénavant, je sais que jamais je ne te perdrai !

Océan sans rivage

Illustration de Fyodor Pavlovich Reshetnikov (Russe, 1926-1988)