Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

vendredi 30 juin 2017

Un caviste fort consciencieux



Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925) 

Quand la cloche du repas de midi eut sonné
Et que les moines s'ébranlèrent vers le réfectoire,
Sans se précipiter, en rang bien ordonné,
Le regard souriant et même jubilatoire,
 

(L'on savait que frère Maurice était de retour),
Celui-ci, justement, déjà à son office,
Se parlait en lui-même, sans le moindre détour :
« Dieu me pardonne mes faiblesses, elles sont sans malice !
 

L'on comprendra que je sois à goûter le vin
Avant de le servir, je ne suis point devin ;
De sa qualité, il faut bien que je m'avise,
 

Et plus d'un essai s'impose pour en bien juger.
Lors que je tiens la cruche, pas question de gruger
Mes bons frères ! C'est un principe et même une devise ! »
 

Marc

À la saint-Martial de Limoges


Blason de Saint-Martial-d'Albarède (Dordogne, Nouvelle-Aquitaine)

Le dicton dit : lors que de juin on voit la fin,
Saint-Martial, évêque de Limoges, lave le chemin.
C'est ce qu'il fait : il ouvre du ciel les écluses
Et l'on peut espérer que point il n'en abuse,

Vu que le lendemain vient le premier juillet
Où l'on risque fort de remettre le gilet
Car le dicton annonce : si ce jour est pluvieux,
C'est bien le mois tout entier qui sera douteux.

Mais il se pourrait aussi qu'à la sainte-Procule,
Qui est fêtée le neuf, arrive la canicule.
Le temps fait ce qu'il veut et c'est très bien ainsi.

Peu importe, pourvu qu'à la saint-Anatole *
L'on puisse mettre les confitures aux casseroles
Et surtout, que les moissons puissent se faire aussi !

Marc
____

De gueules à trois peupliers de sinople rangés en fasce sur une terrasse du même, à l'évêque saint Martial de carnation, habillé et crossé d'argent, le manteau et la mitre de pourpre, brochant sur le tout ; au chef d'or chargé de trois mouchetures d'hermine de sable.

* Fêté le  2 juillet.

Pétales de pensées


Blason de Rimbach (Haut-Palatinat, Bavière, Allemagne)

                L'Amour brave mille dangers. Il est flamboyant de Son Épée.
                Ose dire à L'Amant de ne pas aimer !
                Je ne suis pas partie pour être délivrée des souffrances mais parce que je L'aime.
                L'Amour est fier.
                L'Amour ne connaît aucune borne.
                L'Amour protège L'Amour.
                L'Amour ne ment pas.
                Il ruse parfois.

Océan sans rivage

Un bruit dans la nuit



Eduard von Grützner (German, 1846–1925), La poignée brisée, 1900

Tandis que la nuit est tombée sur le cloître
Et que les moines sont retirés en leur cellule,
Dans le ciel, la lune commençant à décroître,
L'écho de quelque activité noctambule

Remonte des plus sombres et obscures profondeurs
De la cave. Les rats dansent-ils la sarabande ?
Il faut, pour le croire, plus que sa part de candeur !
Frère Eugène, qui connaît les ides et les calendes,

N'est point homme à tenir une ascèse soutenue,
Même montrant plus que frère Maurice de retenue ;
« Allons donc, ce n'est tout de même pas une bouteille

Ou deux qui pourra faire de moi une âme damnée !
J'irai à bonne confesse le restant de l'année ;
L'Abbé, en son temps, aima le jus de la treille. »

Marc

Jeûne et abstinence


Peinture d'Eduard von Grützner (German, 1846–1925)

Après Mardi Gras, où l'on fit ultime bombance,
L'on entra en ce qui s'appelle Carême-Prenant
Qui fut pour plus d'un occasion de pénitence ;
L'événement est d'ailleurs toujours surprenant,

Notamment pour le Maître de Chais, frère Maurice.
Qu'à cela ne tienne, tout moine sait se faire guerrier
Et combattre de toute tentation les prémices ;
L'esprit se doit de tenir les sens contrariés.

Lors, le frère se proposa de faire sentinelle
Devant la futaille, par mesure compassionnelle.
« Ainsi m'assuré-je que nul n'en vienne à rompre

Cette période où prévalent le jeûne et l'abstinence ;
Car qui peut se croire à l'abri d'une négligence ?
N'est pas né celui qui me voudra corrompre ! »

Marc

Tout liquide vers le bas s'écoulant


Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Frère Maurice, qui est encore dans toutes les mémoires,
Outre d'être du cloître le maître de chai,
Office qui lui valut naguère bien des histoires, *
N'étant pas le dernier à vider son pichet,

A comme violon d'Ingres de brasser la bière ;
En ce domaine, il n'est à nul autre pareil,
N'étant pas du genre à se mettre des œillères,
Veillant à ce que rien jamais ne dépareille

Et sachant donner au breuvage ce ton ambre
Que n'eût pas méprisé un ancien Sicambre
Ni aucun brasseur de réputation fameuse.

L'on trouvera que le frère caviste est constant
En ses goûts, tout liquide vers le bas s'écoulant ;
Sauf qu'entre ses mains, la boisson devient charmeuse.

Marc


Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Le roi de la marmite


Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Carême approchant, l'on s'y prépare, mais sans hâte ;
Du reste, il est assez du restant de l'année
Pour faire bombance ; le régime n'est point spartiate,
Pour peu d'y veiller ; lors, cessons de chicaner.

Le frère cuisinier n'a point la mesure mesquine
Et sait juger des appétits d'un œil certain ;
Quand il n'est pas à son bon office, il bouquine
Des ouvrages sur la question, sachant son latin.

De mémoire, oncques moine jamais ne s'en est plaint
Et chacun s'en est reparti le ventre plein ;
Frère Eugène s'en honore, c'est le roi de la marmite.

Ce soir, nous souperons léger : une carpe farcie
Arrosée d'un blanc d'Anjou, avec force persil.
En Héraldie, la bonne cuisine n'est pas un mythe.

Marc

Une boisson papale



Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

« La vie de l'esprit a-t-elle jamais contrarié
Celle de la chair, pour peu de bien tenir chacune
A son échelle ? Ainsi fait, tout se peut marier ;
En une conscience élevée, toute chose est immune. »

Se dit en lui-même messire l'Abbé du cloître,
En lequel officie comme caviste frère Maurice
Dont la réputation n'a cessé de croître
Mais que ce bon moine n'eut jamais triomphatrice.

Certes, le vin arrive à table souvent bien tard,
Mais lors qu'il est servi, quel merveilleux nectar !
L'on imagine alors les célestes agapes...

Plus d'un pèlerin qui eut l'honneur d'y goûter
En fut ravi, bien que devant s'arcbouter
Pour tenir au mieux cette boisson digne d'un Pape.

Marc

Renard ascendant


Blason de Tvrdošín (Slovaquie)

Non qu'il s'agisse de renier sa nature profonde,
L'on y peut porter quand même quelque correction.
Le Renard, qui mêla la ruse à la faconde,
Se dit qu'il faut un jour changer de direction ;

Son regard sur les choses d'abord, qui conditionne
Les rapports que l'on établit et entretient.
Cela fait que l'esprit sur lui-même se questionne.
La pensée se veut juste et noble le maintien.

C'est par la descente en soi-même que l'on s'élève ;
Tomber n'est point grave, pour peu que l'on se relève,
Moins encore si c'est dans le sens de la montée.

« Maître Coq me l'enseigna, lui dont, jadis, j'eusse
Fait ma proie et que je n'eusse lâché mordicus.
Mais il n'était pas genre à s'en laisser conter. »

Marc

Voir aussi Coq ascendant

jeudi 29 juin 2017

Rencontre et Unité : Noblesse et Art de L'Écu (2)


Blason de Heinersbrück (Brandebourg, Allemagne)

Il est des codes qui ne trompent pas, et des Révérences qui s'apprennent en L'Humilité du Souffle.
Nous voulions-nous bourrasque et insolence ?
Ici, règnent les bienveillants gestes que La Vie se trouve à unifier.
Nous étions en une antichambre et comme attendant imperceptiblement que La Porte des Etoiles s'ouvre.
Est-elle Blanche Vallée de L’Éthéré, Cercles des Obédiences de L'Êtreté ?
La Chevalerie est Le Raffinement et, sans cesse, le déploiement d'une Fraternité.
A ce Jour, il nous est apparu, enfin clairement, cette nécessité de rendre manifeste, quelque peu, Les Réalités d'une Coulisse.
Noblesse et Art de L’Écu est née comme une Perle qui est à suinter des affinités de L'Âme, de L'Esprit et du Corps.
Elle est Le Chérissement d'une Phrase qui résonne comme La plus Grande des Victoires.
Consanguinité de L'Esprit !
Des voiles, il en est toujours.
Nous sommes en L'Expérience qui se donne en L'Union des Efforts et? plus que tout, de La Reconnaissance.
Sans Gratitude, qu'importe, est-il encore une Beauté ?
Sans Amour, qu'importe, est-il une Relation possible ?
Sans Unité, est-il un seul déploiement encore ?
La Fraternité est Abondance de Générosité.
Chaque jour, nous sommes à défaire et à refaire.
Chaque jour, nous sommes aussi à découvrir Les Transparences de L'Amitié.
Qu'importe, il est un code qui ne cesse de poser le plus Noble des Cadres : celui de L'Ecoute et du Respect.
Faut-il méconnaître La Rencontre ?
Faut-il se laisser glisser dans les non-dits ?
C'est un écuyer qui ploie le genou devant un valeureux Chevalier.
Il a assisté, ce Preux ,en son Périple, avec L’Étonnement le plus émerveillé !
Il a appris les louables patiences et les vraies témérités.
Lors que ce palefrenier mourait de soif, son Chevalier Mythique l'a abreuvé de ses mains généreuses !
Il a vu cette constance et malgré les péripéties innombrables, il est aussi ce Capitaine qui à Sa Nef Héraldie a tout donné !
Pouvons-nous l'oublier ?
Cet esprit est d'une si grande pudeur que nul n'est à le soupçonner.
L'Amitié est une Loyauté et une Fidélité.
Je le veux ici témoigner à ce Noble Ami.
Il ne m'est pas plus grand bonheur que de l'exprimer.
Noblesse et Art de l'écu est l'aventure qui se voulait manifester La Réalité du Vrai Désir de La Fraternité.
Un Pont a été jeté, comme L'Invitation, à nous continuer en cette pensée de La subtilité !
Les bras sont tendus en cet Amour qui est Lumière du Cœur et Témoignage du Vivant.
Jour après jour, nous sommes à Le vivre.
La rencontre a frémi du Regard qui reconnaît.
Nous le savons.
Nous baissons la tête en cette Déférence qui vient d'un autre temps.
Nous mélangeons nos Terres et nos Océans.
Nous balbutions, nous trébuchons et nous nous relevons encore plus fort.
Le Chemin des Etoiles est cette Réalité de La Conscience qui sait que ce monde éphémère est Le Prétexte d'Un Nouveau Monde.
Ce qui se dit ici, ce n'est pas des mots éloignés de la concrétude.
Nous nous unissons, mes frères et mes sœurs, en cette expérience de L'Instant.
Nous vivons Cela.
Renouant en La Tradition non-dualiste.
Aujourd'hui, l'écuyer remercie tous nos Amis.
Nous les aimons.
Et même s'ils ne le savent pas, nous les aimons encore.
Le Voyage est Ce Questionnement en La Vivacité de L'Être !
Nous sommes à Le vivre en notre chair et en notre sang.
Ici est déjà Là-bas, mais nous ne le savons plus.
Depuis cet éphémère, nous retrouvons L'Autre Monde, La Perception d'une Dimension Infinie.
Nous Le vivons maintenant.
Nous Le cherchons ici !
Nous tissons les liens de L'Ascendance.
Révérence à L'Ami.
Révérence à mes Sœurs.
Révérence à toi et à toi encore, Passant, Lecteur et aussi définitivement Ami en notre cœur!

Le Voyage continue, n'est-ce pas Capitaine, Chevalier de L’Épopée ?

Cette musique


Blason de la ville d'Arnoldsweiler (Rhénanie du Nord – Westphalie, Allemagne)

Quelle est donc cette musique que j'entends sans cesse
Et qui me rappelle à la profondeur du temps ?
Elle n'est semblable à aucune que je connaisse
Quoique si étrangement familière, pourtant...

En moi se ravive d'instants lointains la mémoire
Qu'en vérité mon cœur n'a jamais effacés.
Mille visages se sont gravés dans le grimoire
De ma vie que cette heure m'appelle à préfacer :

Voici d'une âme passante l'étrange périple
Qui voulait mener une existence paisible.
Mais souvent tranquillité se révèle sommeil.

L'on se veut bien s'interroger, mais sans remise
En cause. Une bonne conscience trop chèrement acquise
Indispose. L'homme est à lui-même toujours pareil.

Marc

Les Vignes du Ciel


Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Le cloître ayant réuni son Chapitre
Au sujet des manquements du bon frère Maurice
Dont le cursus se mesure en hectolitres
De vin engloutis en ses entrailleuses abysses,

L'on décida de reconduire dans ses fonctions
Celui qui est d'entre tous le meilleur caviste,
Sans pour autant lui donner la royale onction
Ni le soumettre à une rigueur janséniste.

« Il se dit qu'à force de fréquenter les barriques,
L'on en devenait une soi-même ; Est-ce si tragique ?
Mes frères, je veux bien me sacrifier pour cela ;

J'ai le goût sûr pour reconnaître un cépage
Et le don alchimique pour en tirer breuvage ;
J'imagine les Vignes du Ciel, dans l'Au-delà... »

Marc

Un caviste pas triste


Peinture d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Tandis que le monde file son train en son tumulte,
Une autre affaire met le cloître en émoi
Où certains, c'est notoire, ont de Bacchus le culte ;
Il faut y mettre ordre avant la fin du mois.

A cet effet, le Chapitre tiendra assises,
Présidé, comme il se doit, par Messire l'Abbé ;
Il y aura des sanctions, la chose est acquise ;
Boire, c'est entendu, mais de là à s'imbiber !

Frère Maurice, le principal visé, s'en amuse :
« L'on a beau dire, j'ai du bon vin la science infuse ;
L'on boira piquette avant qu'il ne soit longtemps ;

Les fêtes carillonnées menacent d'être fort tristes
A écarter le plus avisé des cavistes ;
J'ai mes défauts mais mes qualités tout autant. »

Marc

Plusieurs demeures


Peintures d'Eduard von Grützner (1846-1925)

Entre les offices et les travaux, les bons moines
Du cloître apprécient fort les temps de détente ;
En son domaine propre, chacun trouve son avoine ;
Les uns font oraison pour leur âme pénitente,

Les autres trouvent leur joie en la riche bibliothèque
Où l'on peut feuilleter des manuscrits anciens ;
Mais certains mettent sur leur salut une hypothèque,
Bien assurés que Dieu reconnaîtra les siens.

Si trop la barque se charge, l'on ira à confesse ;
Le Seigneur est indulgent, lui-même le professe ;
Frère Maurice, issu d'un ordre contemplatif,

N'est certes pas le dernier à penser de la sorte :
« Le Ciel a plusieurs demeures et autant de portes ;
Il y a bien là quelque gardien compréhensif. »

Marc

mercredi 28 juin 2017

Maître Coq et le chien de ferme


Blason de Pierre Boucher, Chevalier d'Empire (1772-1831)

– De cette haute-cour vous êtes le roi, sans conteste.
Votre chant ouvre du jour nouveau le labeur
Qu'il se veut alléger de sa douceur agreste,
Lors qu'il donne à l'aube sa plus virginale candeur.

Je ne suis d'une modeste ferme que le gardien,
N'ayant de mes bons offices que maigre pitance
Et à peine une caresse. Tel est mon quotidien
Et je crois bien être né pour faire pénitence.

– Frère, seriez-vous plus heureux d'être le toutou
À sa mémère qui vous promènerait partout
En vous infligeant ses puérils monologues ?

Vous êtes bien mieux à vivre libre au grand air ;
Le commerce avec les hommes n'est pas sans revers
Et il n'est pas aisé de s'en faire l'apologue.

Marc

Le rêve de Frère Maurice


Peinture d'Eduard von Grützner (Allemand, 1846-1925)

Les volutes les plus solubles ne sont pas,
Il faut le concéder, celles qui nous meurtrissent.
Les âmes n'ont pas cette légèreté de surcroît,
D'offrir les réalités que fuit notre Frère Maurice. *

D'avancer sur un chemin est une étrangeté,
Lors que les pas épousent l'invisibilité.
Irrationnelle est cette foi qui fait Sa Loi.
En rêve, notre moine vit un impressionnant Roi.

Sur un sentier, harassé et solitaire,
Le Roi avait, pour sceptre, un solide bâton.
Sa Robe en haillons lui donnait un étrange air.

Sa couronne, avec sa mise singulière,
Contrastait. Il s'adressa à son compagnon :
- Je suis enfin à connaître mon bien-aimé frère.

Océan sans rivage

Voir Cloître d'Héraldie

Justesse d'un bavardage


Peinture d'Eduard von Grützner (Allemand, 1846-1925)

Combien fut longue la retraite qu'il s'imposa.
J'en sais quelque chose, lors qu'il nous est parvenu
Les quelques innocentes réflexions d'un prélat :
« Au service de Dieu, on apprend le plus inattendu.

De nos déboires, et de nos perceptions légères,
Nous avons souvent agi - et sans malice,
De sorte que nous vérifiâmes sans cesse Le Mystère.
La saveur d'un Vin correspond au Calice.

Depuis que je suis descendu en cette cave,
Partageant avec frère Eugène et le bon Maurice, *
Ces vapeurs cérébrales qui nous rendent épaves,

J'ai su qu'il fallait assurément du courage,
Pour saisir toute la justesse d'un bavardage,
Et laisser Le Vin faire ainsi tout Son Office. »

Océan sans rivage

* Voir Cloître d'Héraldie

Cloître d'Héraldie


Le moine

 
Peinture d'Eduard Daege (1805-1883, Allemand), Le vieux capucin

Voilà sans doute des jours qu'ils sont en chemin,
À travers monts et vaux, plaines et forêts ;
Le gentil novice prend le vieux moine par la main
Car l'homme est épuisé ; il faut faire un arrêt,

Trouver dans le coin quelque auberge hospitalière
Où l'on puisse se restaurer, reposer les pieds
Meurtris par les pierres du sentier et les roncières.
Et puis cet endroit a plutôt l'air d'un guêpier ;

Une relique en or n'est pas un moindre trésor ;
L'on risque avec le bien perdre aussi son corps ;
Il faut se hâter, le crépuscule approche.

Pourvu que le lieu ne se nomme point l'Auberge Rouge,
Où certaines nuits, quand tout dort et plus rien ne bouge,
L'on vous trucide pour ensuite finir à la broche.

Les malheurs de Frère Maurice



Peinture d'Eduard von Grützner (German, 1846–1925)


Après l'ita missa est de l'office de Sexte
(Qui a lieu à la sixième heure ou à midi),
Les bons moines du cloître, repus de pieux textes,
Courent aux cuisines, l'antichambre du paradis.

L'esprit s'est élevé des odeurs de l'encens ;
La chair, bien plus modeste, d'un fumet se flatte ;
Aucun frère ne trouve à cela rien d'offensant ;
L'on se recueille, soit ; mais qu'après, la joie éclate !

Tandis que l'on s'adonne aux terrestres délices,
L'on s'inquiète fort de l'absence de frère Maurice :
« Que diantre le vin n'est-il point déjà servi ? »

L'on envoya frère Jean s'enquérir de la chose ;
Il découvre le caviste à terre, et pour cause !
« Quelque démon m'aura poussé, sans préavis. »

Marc

Frère Maurice


Toile d'Eduard von Grützner (1846-1925)

L'office de complies est le dernier d'une journée
Consacrée à la pieuse prière et aux rustiques
Travaux ; c'est ainsi que le temps est gouverné
Et il en sera ainsi jusqu'au viatique.

Sortant de la chapelle, les bons moines affichent l'air
Réjoui de ceux qui savent que le souper est proche ;
Certes, l'esprit est fort mais faible est la chair.
L'on s'installe à table sitôt que sonne la cloche ;

Au menu : du gras bouillon et du vin d'Anjou
Qui teintera d'un beau rubicond plus d'une joue.
L'on s'interroge : Que diantre fait donc frère Maurice ?

L'on a fort soif et pas l'ombre d'un seul cruchon !
L'on court s'enquérir pour trouver le patachon
Ronflant près d'une barrique par tous les orifices.

Marc

Pastorale bacchique




Sous la ligne bleue des Vosges, au creux d'un vallon
Qui s'ouvre grand sur la plaine de ma vieille Alsace,
Est un cloître séculaire et secret jalon
Où j'aime à poser mes pieds las et ma besace.

Le lieu saint est d'excellente hospitalité ;
Les moines y sont fort enjoués, point trop mystiques,
Mais de bonne rencontre et de franche cordialité,
Disciples de Bacchus et princes de la barrique.

Bien plus que des frères, je les tiens pour proches parents.
L'on y peut boire un vin blanc presque transparent,
Frais comme une eau de source et servi dans une cruche.

Après une courte oraison au bon Saint Morand,
Moine de Cluny devenu patron des vignerons,
Je repars dans le monde et ses chemins d'embûches.

Marc

Le moine


Peinture d'Eduard Daege (1805-1883, Allemand), Le vieux capucin

Voilà sans doute des jours qu'ils sont en chemin,
À travers monts et vaux, plaines et forêts ;
Le gentil novice prend le vieux moine par la main
Car l'homme est épuisé ; il faut faire un arrêt,

Trouver dans le coin quelque auberge hospitalière
Où l'on puisse se restaurer, reposer les pieds
Meurtris par les pierres du sentier et les roncières.
Et puis cet endroit a plutôt l'air d'un guêpier ;

Une relique en or n'est pas un moindre trésor ;
L'on risque avec le bien perdre aussi son corps ;
Il faut se hâter, le crépuscule approche.

Pourvu que le lieu ne se nomme point l'Auberge Rouge,
Où certaines nuits, quand tout dort et plus rien ne bouge,
L'on vous trucide pour ensuite finir à la broche.

Marc

mardi 27 juin 2017

Pétales de pensées


Blason de Vicomté d'Aubusson (Comté de la Marche)

Une fois né, L'Esprit court et ne dévie plus.
Mille océans de douleurs ou de joies n'y changent rien.

Océan sans rivage