Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 28 novembre 2017

Les Allégories du Jardin - Le Chien


Blason de La Suze-sur-Sarthe (Sarthe, Pays de la Loire)

Allégorie 30 – Le Chien

     Tandis que j’étais plongé dans le charme de la conversation des oiseaux, et que j’attendais la réponse qu’ils feraient à la huppe, un chien, qui était près de la porte, m’adressa ces mots, tout en recueillant des miettes de pain parmi les ordures : Ô toi qui n’a pas encore soulevé le voile du mystère ; toi qui, tout entier aux choses du monde, ne peux t’élever à la cause première ; toi qui traînes avec pompe la robe de l’amour-propre, imite mes nobles actions, prends mes qualités recommandables, et, sans t’arrêter à l’infériorité de mon rang, écoute ce que je vais te dire de la sagesse de ma conduite. À ne me considérer qu’à l’extérieur, je serai la tes yeux un objet de mépris ; mais pour peu que tu m’examines, tu verras que je suis un vrai faquin. Toujours à la porte de mes maîtres, je ne recherche pas une place plus distinguée; sans cesse avec les hommes, je ne change point de manière d’agir : on me chasse, et je reviens ; on me frappe, et je ne garde jamais de rancune ; mon amitié est toujours la même, et ma fidélité est à toute épreuve. Je veille, lorsque les hommes sont plongés dans le sommeil, et je fais une garde exacte quand la table est servie. On ne m’assigne cependant ni salaire, ni nourriture, ni même un logement, encore moins une place distinguée. Je témoigne de la reconnaissance lorsqu’on me donne ; je suis patient lorsqu’on me repousse ; et l’on ne me voit nulle part me plaindre, ni pleurer sur les mauvais traitements que j’éprouve. Si je suis malade, personne ne vient me visiter ; si je meurs, on ne me porte point dans un cercueil ; si je quitte un lieu pour me rendre dans un autre, on ne me munit d’aucune provision ; et je n’ai ni argent dont on puisse hériter ; ni champ qu’on puisse labourer. Si je m’absente, on ne désire pas mon retour ; les enfants eux-mêmes ne me regrettent point ; personne ne verse une larme ; et si l’on me retrouve, on ne me regarde pas. Cependant, je fais sans cesse la garde autour de la demeure des hommes, et je leur suis constamment fidèle. Obligé de rester sur les ordures qui sont auprès de leurs portes, je me contente du peu que je reçois, à défaut des bienfaits dont je devrais être comblé. Si mes mœurs te plaisent, suis mon exemple, et conforme-toi à ma conduite ; et si tu veux m’imiter, règle ta vie sur la mienne.

     Apprends de moi comment il faut remplir les devoirs de l’amitié, et, à mon exemple, sache t’élever aux vertus les plus nobles. Je ne suis qu’un animal vil et méprisé ; mais mon cœur est exempt de vices. J’ai coutume de garder les habitants du quartier où je me trouve, surtout durant la nuit. Toujours patient, et reconnaissant même, de quelque manière que l’on me traite, je ne me plains jamais des injustices des hommes à mon égard, et je me contente de mettre toute ma confiance en Dieu seul. Malgré ces habitudes précieuses, personne ne fait attention à moi, soit qu’une faim cruelle me fasse expirer, ou que l’infortune m’abreuve de la coupe amère de la peine et de la douleur. Du reste, j’aime mieux supporter les mauvais traitements que j’éprouve, que de perdre ma propre estime et de m’avilir à demander. Oui, je ne crains pas de le dire, mes qualités, malgré le peu de considération dont je jouis, l’emportent sur celles des autres animaux.

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