Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 26 septembre 2017

Les Allégories du Jardin - Le Faucon


Blason de Villers-Faucon (Somme, Hauts-de-France) et de Montfaucon-d'Argonne (Meuse, Lorraine)

Allégorie 16 – Le Faucon

            Le faucon, du milieu de l’enceinte de la chasse, prenant aussitôt la parole :

          Quoique tu sois bien petit, dit-il au rossignol, tes torts sont bien grands : ton chant continuel fatigue les oiseaux, et c’est l’intempérance de ta langue qui attire sur toi le malheur, sans pouvoir te procurer aucun avantage. Ne sais-tu donc pas que les fautes dont la langue se rend coupable, sont précisément ce qui perd l’homme. En effet , sans la mobilité de ta langue indiscrète , on ne t’enlèverait point du milieu de tes compagnons ; on ne te retiendrait point captif dans le séjour étroit d’une cage, et la porte de la délivrance ne serait pas irrévocablement fermée pour toi. Réponds, n’est-ce pas à ta langue que tu dois ces malheurs qui couvrent de honte ton éloquence ! Au contraire, si, me prenant pour modèle, tu imitais ma taciturnité, tu serais alors exempt de reproche , et tu verrais que cette qualité précieuse est compagne de la sûreté. Jette un regard sur moi ; vois comme je suis fidèle aux règles du silence. Que dis-je ! la discrétion même de nia langue fait mon mérite, et l’observation de mes devoirs, ma perfection. Enlevé du désert par force, et emmené malgré moi dans un pays lointain, jamais je ne découvre le fond de ma pensée ; jamais tu ne me verras pleurer sur des vestiges qui me rappelleraient un objet chéri. L’instruction, voilà ce que je recherche dans mon voyage ; aussi mérité-je d’être récompensé toutes les fois qu’on me met à l’épreuve ; car on connaît le proverbe : C’est l’épreuve qui décide si l’on doit honorer ou mépriser quelqu’un. Lorsque mon maître voit la perfidie du temps, il craint que je ne sois en butte à la haine, et il couvre alors ma vue avec le chaperon qu’indiquent ces mots du Coran, N’étends point la vue ; il enlace ma langue avec le lien qu’ont en vue ces paroles du même livre, Ne remue point la langue ; il me serre enfin avec les entraves désignées par cette sentence du même ouvrage, Ne marche par sur la terre avec pétulance. Je souffre d’être ainsi lié, et cependant je ne me plains point des maux que j’endure. Après que le chaperon a longtemps couvert mes yeux, que j’ai reçu les instructions nécessaires, que l’on m’a assez essayé et que j’ai acquis un certain degré d’habileté, mon maître veut m’employer à la chasse, et, me délivrant de mes liens, il me jette, et m’envoie avec le signal indiqué par ces mots du Coran, ou Dieu, s’adressant à Mahomet, lui dit : Nous t’avons envoyé. On n’ôte le chaperon de dessus mes yeux que lorsque je suis en état d’exécuter parfaitement ce qu’on m’a appris ; et c’est alors que les rois deviennent mes serviteurs, et que leur poignet est sous mes pieds orgueilleux.

          J’interdis à ma langue l’excès de la parole, et à mes yeux le spectacle du monde : la mort menaçante, qui, chaque jour, s’avance avec plus de rapidité, me fait oublier les voluptés les plus délicieuses. Je ne m’occupe qu’à prendre les manières des princes, et à me former aux belles actions ; la main du roi est le point de départ de mon vol ; je me dirige vers ma proie, bientôt je la saisis de mes serres victorieuses, et je reviens, au moindre signal, vers celui qui m’a envoyé.
          Par ma vie, voilà quelle doit être la règle de ceux qui s’assujettissent aux lois sacrées de la soumission à la foi.

Al-Muqaddasi


Blasons de Faucon (Vaucluse, Provence) et de Pacé (Ille-et-Vilaine, Bretagne)

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