Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

dimanche 24 septembre 2017

Histoire d’un frère et d’une sœur (7)


Blason de Schwarzkollm (Saxe, Allemagne)


Mon frère, celui que je vois en ce chemin depuis tant d’années, lors que nos pas se croisent en notre regard, vois-tu les bruyères qui caressent tes jambes ?
Les vignes sont savoureuses de ton attention qui les fait pendre le long d’un muret.
Des mûres que nos doigts souvent bien éprouvés, cueillent, des pieds qui nous écorchent des ronces que les talus nous cachent, et nous voilà à goûter la générosité de la nature.
J’écoute ton cœur battre à l’unisson des roches qui bordent l’eau.
Je saute gaiement en ces ruelles de Paris, tous les dimanches, dès l'aube, et j’attends que papa et maman me rejoignent.
Je sais qu’inévitablement, nous aurons du pain tout chaud et des croissants.
Je réalise que tu me souris, puis tu presses le pas.
Tu es déjà loin.
Je te dis : je t’ai vu !
Je ne t’oublie pas.
J’ai placé dans les poches de mon gilet les pierres blanches de mes souhaits.
Je les réserve pour un après.
Mon frère, tu marches si vite en balançant ton manteau.
Je reste bouche-bée.
Je te vois soudain voler au dessus des toits et poursuivre une mouette.
C’est en levant mon regard que je vois ce morceau du ciel et je souris.
Mon frère, te dis-je, nous nous retrouverons, je le sais.
Tu éclates de rire et je suis pliée en deux !
Nous avons ri des souvenirs du Présent qui enlacent éternellement Le Temps.
Je t’ai vu jusqu’au septième ciel des ardoises parisiennes.
C’est là que nous fixons tous deux une Tour Eiffel qui s’évade des rues éclairées. Elle m’a confié qu’elle était fatiguée et qu’elle rêvait d’un repos bien méritée dans quelque campagne lointaine. « J’aimerais que l’on me laisse tranquille : je n’en puis plus de ces hideux ondoiements d’un si mauvais goût. Sommes-nous à Las Vegas? »
Alors, je lui ai murmuré, au plus secret de son sommet : « Ne t’inquiète pas, ferme les yeux et laisse-toi juste emportée par le Ciel. Tu en as de la chance. Tous ces nuages qui dansent et font d’étranges tracés. J’ai vu aussi mon frère te saluer les jours de pluies. Si mon frère te regarde, tu es belle à mes yeux de son plein regard ! »
Lors que je suis assise dans le métro, je me sens bercée par les roues qui frottent les rails. Je ne sais pas ce que c’est. Je suis Papa qui me tient par la main. Je le suis partout.
Nous dévalons les escaliers et je me sens comme une feuille d’automne qui tournoie au vent. Mon frère, ta petite sœur s’étonne de tout. Une fois assise, j’aimerais que le métro nous emmène loin. Il s’enfuirait des tunnels sombres et je te rejoindrais et nous ririons encore de l’extraordinaire sortilège. Du bout des doigts, je laisse se dessiner toutes ces histoires que mon esprit chevauche.
Je te retrouve près de cet arrêt de bus.
Tu ne me vois plus.
Je te fais un petit geste.
Comment ?
Tu as oublié ta petite sœur ?
Je ne peux m’empêcher de te suivre.
Je me fais toute petite.
Tu as disparu au coin de la rue.
Je m’assois à la fenêtre grande ouverte et j’attends papa qui rentre du travail bientôt.
Je reste ainsi sans bouger durant des minutes qui deviennent des univers entiers.
Je regarde les quelques passants.
Juste en face, une épicerie attire mon regard : je vois de la verdure sur les étalages.
Mon frère !
Te voici à entrer et tu en ressors si vite, que j’ai à peine le temps de te reconnaître.
Mon frère !
Te souviens-tu de mes pas sur les quais de la Seine ?
Je plonge avec un tel émerveillement dans le monde des bouquinistes.
Toutes ces gravures me parlent d’un autre temps que je pressens, et tout en marchant lentement, j’aperçois de temps à autre La Seine qui miroite des effets du soleil.
Mon frère, te conterai-je ce Paris surréel que nous avons traversé une nuit ?
Tu me tiens la main, et nous allons si vite, que je me sens trotter à tes côtés.
Ce Paris qui écorche notre vue des étranges ombres qui ressemblent à de terribles silhouettes fantomatiques.
Je me sens si mal de perdre Paris, celui de mon enfance contemplative, lors que tout est encore lent de La Vie Présente…

Océan sans rivage

( à suivre )


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