Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

vendredi 28 juillet 2017

La Tour Eiffel ou le signe des temps


Écusson à coudre composant un blason fantaisiste de Paris

Tour, grande tour, sans rien dedans, sans mur ni toit,
Et sans dedans, Babel creuse et pointue,
Le vide en toi se multiplie et s'évertue.

Engin visant à nous laisser pantois
L'orgueil du siècle neuf s'aiguise en toi.

Le siècle qui naquit un jour de foire
Célèbre en toi ses futures victoires,
Il trace en toi sa trajectoire
Sans but ni doute ni recul,
Et puis hausse jusqu'au palier final et nul
L'épouvantail de sa carcasse noire.

Fuselages pendus, vertige aérien,
Lointains ouverts, vent du départ, sillage,
Rails qu'infléchit la vitesse sauvage
Tous convergeant à la cime du rien...
Cage qui fait l'oiseau, vol menteur, faux voyage,
Tout est rouille et ferraille et prison de grillage.

Grise grandeur faite de petitesses,
Quel est-il ce gigantesque insecte ? Est-ce
L'étroit futur dont nous serons vêtus
Quand tout sera parfait dans notre termitière
Quand nos derniers sursauts se seront tus,
Quand la rue aura dévoré la vie entière ?

Vaniteuse machine, absurde bête,
Pou colossal à pattes d'éléphant
Muni d'un cou de girafe sans tête :
Siècle, reconnais-toi dans ton enfant !

Bond triomphal du charbon et du fer
Par où Satan échafaudant ces trous,
Ces barres, ces cassures, bout à bout,
Entend porter jusqu'au zénith l'enfer...
Regardez son échelle encor debout !

Lanza del Vasto (1901-1981)
Le Chiffre des Choses (Denoël 1953)

Voir aussi sur Naissance et connaissance

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